L'effet du projet de loi 21 sur l'identité professionnelle des travailleuses sociales oeuvrant dans le champ de la santé mentale adulte au Québec
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0009-0002-8981-9671Contributrices et contributeurs
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Cycle d'études
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Mots-clés
- Identité professionnelle
- Travail social
- Psychotherapy
- Adult mental health
- Social workers
- Psychotherapists
- Code des professions
- Psychothérapie
- Santé mentale adulte
- Travailleuse sociale
- Psychothérapeute
- Professional identity
- Social work
- Professional code
Organisme subventionnaire
Résumé
Les pratiques des travailleuses sociales (TS) dans le champ de la santé mentale adulte (SMA) sont en constante évolution, influencées par une reconnaissance accrue de l’effet des déterminants sociaux sur la santé mentale et des réformes du réseau de la santé et des services sociaux (RSSS). Ce contexte positionne les TS comme des professionnelles essentielles dans l’offre de services. Or, la littérature souligne des défis liés à la définition du travail social et des difficultés pour certaines TS à se définir. Ces défis découlent de la complexité et de la finalité de leurs interventions, souvent marqués par des rôles contradictoires où les exigences organisationnelles entrent en tension avec les valeurs de la profession. De plus, les réforme du RSSS ont favorisé une standardisation des pratiques et une restriction de l’autonomie professionnelle des TS, alimentant ainsi des doutes identitaires, en plus de complexifier l’affirmation de leur rôle et de leur identité. Afin de protéger le public contre les charlatans, se proclamant psychothérapeutes, le Québec a modernisé le Code des professions et d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines en adoptant le projet de loi 21 (PL 21) en 2009. Le PL 21 a encadré les activités à haut risque de préjudices, actualisé le champ de pratique des professions visées, dont celui des TS, et définit légalement la psychothérapie, désormais réservée aux titulaires d’un permis, transformant ainsi les milieux et leurs conditions de pratique, de même que l’offre de services en SMA. Bien que l’apport des TS auprès des personnes vulnérables aux prises avec des problèmes sociaux et de santé mentale complexes soit bien documenté, peu d’écrits discutent des effets du PL 21 sur leur pratique et leur identité professionnelle (IP), notamment en SMA, laissant ainsi une zone d’ombre dans la compréhension de leur réalité. Ma recherche qualitative, exploratoire et descriptive, s’intéresse à l’expérience professionnelle et identitaire des TS en SMA au Québec, tant dans le RSSS qu’en milieu privé. Elle présente l’analyse de six entretiens semi-dirigés menés auprès de TS et de TS psychothérapeutes. En mobilisant la théorie de la reconnaissance, notamment la perspective critique de Renault sur les formes de déni de reconnaissance en contexte professionnel, ainsi que la psychodynamique du travail, centrée sur les expériences professionnelles déstabilisantes et leurs effets, elle explore les perceptions des participantes quant aux transformations dans leur pratique, pré et post-PL 21. Elle vise à contribuer aux débats sur l’IP en travail social dans le champ de la SMA au Québec.
Social work practices in the field of adult mental health (AMH) are constantly evolving, influenced by a growing recognition of the impact of social determinants on mental health as well as reforms to the health and social services network (HSSN) This context positions the social workers (SW) as essential professionals in the provision of mental health services. However, the literature highlights challenges related to the definition of social work and the difficulties some SW face in defining themselves. These issues stem from the complexity and purpose of their interventions, often characterized by contradictory roles, where organizational demands clash with the core values of the profession. Furthermore, reforms within the HSSN have led to the standardization of practices and a restriction of the professional autonomy of SW, thereby fueling identity doubts, in addition to complicating the affirmation of their role and identities. To protect the public from charlatans claiming to be psychotherapists without the requisite skills, Quebec modernized the Professional Code and Other Legislative Provisions in the Field of Mental Health and Human relations by adopting Bill 21 in 2009. Bill 21 regulated several high-risk activities, including psychotherapy, updated the scope of practice of certain professions, including SW, and provided a legal definition of psychotherapy, which is now reserved for those who detain a psychotherapy permit. This legislative framework has transformed professional practice environments and conditions, the professional practices of SW, and the services offered to the public. While the contribution of the role of SW in working with disadvantaged populations with complex and chronic social and mental health problems is well documented. However, the impact of the psychotherapy framework on the professional identity of adult mental health therapists remains in the shadows, leaving this reality largely unexplored. The aim of this study is to explore the identity and professional experience of SW in the field of the AMH in Quebec. Using an exploratory, descriptive, and qualitative methodology, this memoir presents an analysis of six individuals interviews conducted with SW and SW psychotherapist. By mobilizing recognition theory, especially Renault’s critical perspective on the forms of denial of recognition in professional contexts, as well as the work psychodynamics, which examines the impact of destabilizing professional experiences, this study explores participants’ perceptions of changes in their practice, before and after Bill 21. The findings aim to contribute to the ongoing discussions surrounding professional identity in social work within the field of AMH in Quebec.