Justifier et promouvoir l’empire français par l’archéologie (1880-1914)
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Mots-clés
- Empire colonial français
- Troisième République
- Archaeology
- Archeological remnants
- Ancient ruins
- Colonial culture
- Imperial legitimization
- Imperial promotion
- 1880
- 19e siècle
- 19th century
- 20e siècle
- Archéologie
- 20th century
- Vestige
- Ruine
- Culture coloniale
- Légitimation impériale
- Promotion impériale
- French colonial empire
- Third Republic
Organisme subventionnaire
Résumé
Dans les années 1880, la France s’extirpait de dix années de repentance que sa défaite à l’issu de la guerre franco-prussienne en 1871 lui avait imposée. Déterminée à afficher son retour en force aux puissances européennes, elle se relança dans la course aux colonies avec une ardeur inégalée jusqu’à la Première Guerre mondiale. Si le Second Empire ne se préoccupa que très peu de la méfiance et de l’indifférence du public à l’égard de l’empire, les intentions expansionnistes de la Troisième République dépendaient, quant à elles, de l’appui de l’électorat, rendant son soutien, voire son engouement indispensable. Outre un argumentaire économique, une « culture coloniale » s’imbriqua dans les multiples sphères culturelles consommées par les Françaises et les Français. Ce discours veillait à légitimer, promouvoir et familiariser le public aux colonies. Au travers une variété de leviers mobilisés pour mener à bien ces objectifs, l’archéologie en milieu colonial eut une place de choix dans les argumentaires. Profitant de sa maniabilité, sa polyvalence et son aspect tangible, elle agit autant en soutien aux récits légitimateurs glorifiant les empires romain et khmer déchus que comme moyen de promotion impériale. Son caractère mystérieux qui suscite, à ce jour, la curiosité du public, servit à stimuler l’intérêt, mais également le patriotisme des métropolitains. Bien que la place de l’archéologie dans ces argumentaires pro-coloniaux était connue, ce mémoire met en lumière la variété de ses usages qui servirent bien au-delà de la légitimation de la présence française en Afrique du Nord.
In the 1880s, France was emerging from ten years of repentance imposed by its defeat in the Franco-Prussian War of 1871. Determined to make a strong comeback among the European powers, she threw herself back into the race for colonies with a fervor unmatched until the First World War. While the Second Empire paid little heed to public distrust and indifference regarding the French empire, the expansionist intentions of the Third Republic depended on the support of the electorate, making their enthusiasm indispensable. To achieve this, in addition to an economic argument, a “colonial culture” (culture colonial) was woven into the multiple cultural spheres consumed by the French. This discourse sought to legitimize, promote and familiarize the public with the colonies. Through a variety of levers mobilized to achieve these objectives, archaeology in the colonial environment had a place of choice in the arguments. Taking advantage of its handiness, versatility, and tangibility, it acted as much in support of legitimizing narratives glorifying the fallen Roman and Khmer empires as it did in reinforcing racial hierarchies. At the same time, the mysterious nature of archaeological discoveries which still arouses public curiosity to this day, served not only to stimulate interest, but also the patriotism of metropolitan France towards its empire. Although the place of archaeology in these pro-colonial arguments was well known, this thesis highlights the variety of its uses, which went far beyond legitimizing the French presence in North Africa