Un espace public collégien : L’Abeille, le périodique de la Société typographique du Petit Séminaire de Québec, 1848-1862
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Mots-clés
- Journal étudiant
- Histoire des élèves
- Epistemology of history
- Songs of oral tradition
- Histoire de l'éducation au Canada français
- Association étudiante
- Épistémologie de l'histoire
- Chanson de tradition orale
- College newspapers
- History of students
- History of education in French Canada
- Students' voluntary associations
Organisme subventionnaire
Résumé
Il exista, dans la Province du Canada (1841-1867), une culture collégienne francophone dotée d’un organe de presse et d’un système délibératif autorégulé. C’est ce que démontre une lecture serrée et longitudinale de L’Abeille que produit, entre 1848 et 1862, la Société typographique du Petit Séminaire de Québec. Par un examen matériel et intellectuel de la sociabilité étudiante, ce mémoire contribue au champ historiographique qu’est celui de l’histoire des élèves et investit un terrain où convergent l’histoire de l’Église canadienne-française, l’histoire de la presse, l’histoire de l’éducation et l’épistémologie de l’histoire. La présente étude explore, dans un Canada libéral en construction, la mise en langage spécifique au cœur du mécanisme fondamental de la formation d’une sous-culture cohérente. Les collégiens de l’entreprise de presse de Québec importèrent dans leur maison d’enseignement un savoir-faire réservé aux typographes professionnels et établirent des canaux de communication entre les élèves de différents collèges du Canada français. En donnant une existence écrite à la chanson et à une surprenante série d’épisodes de sociabilité étudiante, L’Abeille dota les collégiens de leur propre définition du politique. L’hebdomadaire coordonna les espaces où les élèves pouvaient s’exprimer les uns devant les autres sur des questions les concernant — des espaces séparés de la sphère où des adultes faisaient l’expérience de leur publicité canadienne-française. L’espace public résultant de cette articulation hébergea l’élaboration de deux épistémologies estudiantines de l’histoire dont la mécanique et la fine chronologie n’avaient pas encore été exposées. En la première se joue en partie l’essor d’une écriture collégienne de l’histoire du Canada. En la seconde se découvre une attitude résolue devant l’impossibilité de réconcilier le collège et le monde.
In the Province of Canada (1841-1867), there existed a Francophone collegiate culture equipped with a press organ and a self-regulated deliberative system. This is what a close and longitudinal reading of L’Abeille, a newspaper produced between 1848 and 1862 by the Société typographique of the Petit Séminaire de Québec, demonstrates. Through a material and intellectual examination of student sociability, the thesis contributes to the historiography of this group; it covers the area where historical epistemology and the histories of the French-Canadian Catholic church, the press, and education converge. The study explores the expression in words that was the mainspring of the formation of a coherent subculture in an emerging liberal Canada. The students that participated in this press venture imported into their college an expertise hitherto reserved for professional typographers. They established communication channels among various French-Canadian colleges. By granting a written existence to song and to a remarkable series of episodes of student sociability, L’Abeille provided students with their own definition of the political. The newspaper coordinated spaces where students could express themselves before their fellows on questions concerning them – spaces separate from the sphere where adults were experiencing their own French-Canadian publicity. The public space resulting from this articulation formed the context for the expression of two student epistemologies of history whose mechanics and detailed chronology are studied here for the first time. The first offers a perspective on the rise of a collegiate version of Canadian history. The second permits us to discover a resolute attitude toward reconciling the college with the broader world.