Porte-parolat climatique : une analyse des pratiques communicationnelles de porte-parole dans les mouvements écologistes au Québec


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Mots-clés

  • porte-parole
  • communication climatique
  • représentation politique
  • mouvements sociaux
  • entretiens semi-dirigés
  • spokesperson
  • climate communication
  • political representation
  • social movements
  • semi-structured interviews

Organisme subventionnaire

Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH)

Résumé

Résumé

Ce mémoire cherche à documenter les pratiques communicationnelles des porte-parole dans les mouvements écologistes au Québec, et plus spécifiquement dans leur lutte aux changements climatiques. Bien que les enjeux environnementaux occupent une place grandissante dans l’espace public, la revue de littérature que j’ai effectuée montre que peu de recherches empiriques portent sur les acteurs du changement climatique (Willis, 2018 ; Petit, 2011 ; Boström et Uggla, 2016). Pour mon cadre théorique, je mobilise les trois principales conceptions de la représentation politique que sont la représentation comme imposition (Bourdieu), la représentation comme composition (Pitkin) et la représentation comme proposition (Saward). Ces approches m’ont permis de poser mes deux questions de recherche : quels rapports ont les porte-parole à leur mandat de porte-parolat climatique ? Et quelles sont les principales pratiques de communication développées et mobilisées par les porte-parole climatiques pour représenter le collectif auquel ils sont associés ? Sur le plan méthodologique, j’ai mené des entretiens semi-dirigés auprès de neuf porte-parole qui représentent chacun un groupe environnemental non radical sur une tribune ouverte à l’espace public. Concernant la première question, j’ai identifié trois rapports au porte-parolat climatique : un rapport émotionnel, un rapport professionnel et un rapport de justice sociale. Il faut considérer ces rapports comme étant distincts, mais pas mutuellement exclusifs. En effet, tous les participants de l’étude ont fait part de leur lien émotionnel à la conservation de l’environnement, mais le sens qu’ils donnent à leur engagement en tant porte-parole semblaient s’ancrer davantage dans un des trois rapports que j’ai identifiés. Concernant la deuxième question, j’ai identifié un ensemble de pratiques communicationnelles que j’ai regroupé en trois catégories : une revendication à un continuum de radicalité, une revendication par alliance, et une revendication par la création de ponts avec d’autres mouvements sociaux. Les porte-parole naviguent sur un spectre de radicalité afin de ne pas s’aliéner les sympathisants plus modérés tout en restant fidèles aux valeurs du collectif. L’évitement de mots déclencheurs ou connotés, le recours à un discours basé sur le sens commun, et la normalisation de la radicalité comptent parmi les pratiques qui émanent des entretiens. Dans la revendication par alliances, j’ai identifié quatre stratégies. La collaboration côte à côte permet à chaque groupe de conserver sa propre identité, mais d’augmenter la crédibilité du message. La coalition commune et formelle représente une diversité de voix, augmentant ainsi la légitimité et la portée médiatique. L’intervention coordonnée, mais sur sa propre tribune, permet de partager un message commun tout en allouant une flexibilité pour des enjeux tels que le « contrôle du message » et la « rivalité de visibilité dans l’espace public ». Le soutien non officiel à un autre groupe implique parfois de s’associer à un mouvement plus grand que soi et pose des enjeux de personnification de la lutte, de storytelling et de promouvoir un discours basé sur sa propre réalité. Finalement, le troisième type de revendication consiste à construire des « ponts » avec d’autres mouvements sociaux. Cette approche est fortement mobilisée par ceux qui considèrent que le fait de limiter le discours à l’unique question environnementale néglige des problèmes systémiques 4 profonds. Ils s’efforcent alors de reconnaître l’unicité des perspectives individuelles, d’aligner les cadres conceptuels, et de collaborer d’égal à égal avec des groupes qui incarnent la perspective intersectionnelle, notamment autochtones. Deux difficultés spécifiques aux porte-parole racisés sont l’évitement de la « tokenisation » (diversité de façade) et la tension de répondre aux attentes du groupe qu’ils représentent, souvent composées majoritairement de personnes non racisées, et à leurs propres perspectives intersectionnelles, ce qui exige une adaptation de leur discours en fonction des auditoires.
This dissertation aims to contribute to the existing body of knowledge by documenting the communicative practices of spokespersons in environmental movements in Quebec, with a particular focus on their efforts to combat climate change. While environmental issues are becoming increasingly prominent in the public sphere, my literature review indicates that little empirical research focuses on climate change actors (Willis, 2018; Petit, 2011; Boström and Uggla, 2016). For my theoretical framework, I mobilize the three main conceptualizations of political representation. These include the ideas of representation as imposition (Bourdieu), representation as composition (Pitkin), and representation as proposition (representative claims) (Saward). These approaches enabled me to set my two research questions: how do spokespersons relate to their mandate as climate spokespersons? And what are the main communication practices developed and mobilized by climate spokespersons to represent the collective with which they are associated? Methodologically, I conducted semi-directed interviews with nine spokespersons, each representing a non-radical environmental group on a platform open to the public sphere. In addressing the initial question, I have identified three relationships: an emotional relationship, a professional relationship, and a social justice relationship. These relationships should be seen as distinct, but not mutually exclusive. Indeed, all the participants in the study expressed an emotional connection to environmental conservation, but the meaning they gave to their involvement as spokespeople seemed to be rooted more in one of the three relationships I identified. Regarding the second question, I identified a set of communicational practices that I grouped into three categories: a claim to a continuum of radicality, a claim by alliance, and a claim by building bridges with other social movements. Spokespersons navigate a spectrum of radicalism so as not to alienate more moderate sympathizers while remaining true to the values of the collective. The avoidance of triggering or connotative words, the use of a discourse based on common sense, and the normalization of radicalism are among the practices that emerge from the interviews. I have identified four strategies for claims by alliance. Side-by-side collaboration allows each group to retain its own identity, but increases the credibility of the message. The common, formal coalition represents a diversity of voices, increasing legitimacy and media reach. Coordinated intervention, but on its own platform, makes it possible to share a common message while allowing flexibility for issues such as “control of the message” and “rivalry for visibility in the public space”. Unofficial support for another group sometimes involves joining a movement larger than oneself, and raises issues of personifying the struggle, storytelling and promoting a discourse based on one's own reality. Finally, the third type of demand involves building “bridges” with other social movements. This approach is strongly mobilized by those who consider that limiting discourse to the single environmental issue neglects systemic problems. They therefore strive to recognize the uniqueness of individual perspectives, to align conceptual frameworks, and to collaborate as equals with groups that embody the intersectional perspective, notably indigenous ones. Two difficulties specific to racialized spokespeople are the avoidance of “ tokenization” and the tension of meeting the expectations of the group they represent, often composed predominantly of non-racialized people, and their own intersectional perspectives, which requires adapting their discourse to suit audiences.

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