Une ville à soi : appropriation de l’espace public par les colleur·euses montréalais·es et circulation de leurs pratiques militantes
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Cycle d'études
Programme
Affiliation
Mots-clés
- Espace public
- Genre
- Urban activism
- Activist networks
- Montreal
- Feminist collages
- Appropriation spatiale
- Activisme urbain
- Réseaux militants
- Montréal
- Collages féministes
- Public space
- Gender
- Space claiming
Organisme subventionnaire
Résumé
Espace d’interactions, de représentations, de pratiques et de construction identitaire pour certain·es, mécanisme d’exclusion et de stigmatisation pour d’autres, l’espace public représente un concept incontournable des études urbaines. À cet égard, les approches féministes en géographie invitent à y étudier divers enjeux – tels que ceux de la mobilité, des sociabilités ou de son occupation – sous le prisme du genre notamment car, loin d’être accessible et appropriable par tou·tes à égalité, l’espace public se révèle en réalité traversé par des discriminations et des inégalités auxquelles les femmes – entre autres – sont (plus ou moins) confrontées. Cette recherche naît donc d’un constat : l’espace public urbain n’est pas ce lieu de mixité souvent évoqué, et n’est en rien neutre. Or, la pratique du collage constitue un acte transgressif par lequel les normes de genre et dans l’espace public sont remises en question. Ce mémoire porte ainsi sur les formes d’appropriation de et dans l’espace public par les groupes de collages féministes montréalais, ainsi que sur la circulation de leurs pratiques et usages militants à différentes échelles. Il vise à analyser en quoi les colleur·euses – qui investissent Montréal/Tio'tia:ke en mixité choisie et de nuit, mais aussi les réseaux sociaux – affectent et redéfinissent la construction genrée des espaces urbains, et comment se forme un tel réseau transnational. Pour ce faire, je me suis impliquée auprès des deux collectifs montréalais et celui de Paris, j’ai effectué 17 entretiens semi-dirigés avec des colleur·euses montréalais·es et parisien·nes, et j’ai mené 3 parcours commentés à Montréal/Tio'tia:ke. À l’issue de cette recherche, j’ai constaté que même si la pratique du collage ne se traduit finalement pas par une appropriation de l’espace urbain montréalais aussi large, durable et évidente qu’imaginé, les colleur·euses contribuent néanmoins à défier les normes de genre dans l’espace public et à revendiquer leur droit à la ville, aussi bien au cours de leurs activités militantes que lors de leurs pratiques quotidiennes et nocturnes de l’espace urbain. Quant aux circulations militantes, j’ai mis en évidence les ponts qui relient des groupes aussi éloignés que ceux-ci et démontré que ces connexions s’établissent par le biais des réseaux sociaux, ainsi que par les déplacements des activistes elleux-mêmes.
A space for interactions, representations, practices and identity-building for some, a mechanism of exclusion and stigmatization for others, public space is a key concept in urban studies. In this respect, feminist approaches in geography invite us to study various issues – such as mobility, sociability and occupation – through the lens of gender, particularly because, far from being equally accessible and appropriable by all, public space is in fact riddled with discrimination and inequality, with which women - among others - are (more or less) confronted. This research thus stems from an observation: urban public space is not the place of equality often evoked and is by no means neutral. The practice of collage, however, constitutes a transgressive act that calls into question gender and public space norms. This dissertation examines the ways in which feminist collage groups in Montreal/Tio'tia:ke have appropriated public space, and the ways in which their practices and activist uses have circulated on different scales. It aims to analyze how the collage-makers – who invest Montréal/Tio'tia:ke with a chosen mix in terms of gender and by night, but also social networks – affect and redefine the gendered construction of urban spaces, and how such a transnational network is formed. To this end, I worked with the two Montreal/Tio'tia:ke collectives and the one in Paris, conducted 17 semi-structured interviews with collage-makers from both cities, and led 3 guided walks in Montreal/Tio'tia:ke. At the end of this research, I found that even though the practice of collage does not ultimately result in an appropriation of Montreal/Tio'tia:ke's urban space as broad, lasting and obvious as imagined, collage-makers nonetheless contribute to challenging gender norms in public space and asserting their right to the city, both in the course of their militant activities and in their daily and nocturnal practices of urban space. As for militant circulations, I have highlighted the bridges that link such distant groups and demonstrated that these connections are established through social networks, as well as through the movements of the activists themselves.