La réalisation de la particule négative NE en français montréalais : analyses comparatives des corpus oraux de 1971 à 2012
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Mots-clés
- Analyse multivariée
- Étude du panel
- Age-grading
- Linguistic variation
- Montreal French
- Multivariate analysis
- Quantitative method
- Quebec French
- Real time
- Français montréalais
- Français québécois
- Gradation d’âge
- Méthode quantitative
- NE
- Négation
- Temps réel
- Variation linguistique
Organisme subventionnaire
Résumé
Ce mémoire porte sur l’une des variables linguistiques les plus fréquemment étudiées en français : la présence ou l’omission de la particule négative NE (±NE). Diverses contraintes, tant linguistiques que sociales, peuvent orienter le choix entre ces variantes. Pourtant, bien que de nombreuses recherches aient déjà exploré cette variable, la plupart se concentrent sur le français européen, tandis que les études quantitatives intégrant simultanément des facteurs linguistiques et sociaux dans le français montréalais demeurent rares. Afin de combler cette lacune, la présente étude s’appuie sur quatre corpus oraux de français montréalais recueillis successivement : celui de 1971 (corpus Sankoff-Cedergren; Sankoff et al., 1976), celui de 1984 (corpus Montréal 1984; Thibault & Vincent, 1990), celui de 1995 (corpus Montréal 1995; Vincent et al., 1995) et enfin celui de 2012 (corpus variationniste Hochelaga-Maisonneuve; Blondeau et al., 2021). Elle propose une analyse quantitative de la variation de NE en temps réel couvrant plus de quarante ans. Les résultats dégagés en temps réel montrent, dans un premier temps, que la variation de NE reste globalement stable à l’échelle de la communauté sur l’ensemble de la période étudiée. Ensuite, l’analyse confirme, à la suite des travaux antérieurs (Sankoff & Vincent, 1977; Flesch et al., 2024), le rôle primordial de l’âge parmi les facteurs sociaux : les jeunes recourent moins fréquemment à NE que leurs aînés. Nous proposons donc que la variation de NE suive un schéma de gradation d’âge, au sein duquel la communauté demeure stable, alors que ce sont les individus qui, en avançant en âge, adoptent progressivement un usage accru de NE. L’examen du panel dans les corpus longitudinaux (1971, 1984 et 1995) soutient cette hypothèse : certains locuteurs ajustent leur comportement langagier au fil de leur vie, alignant progressivement leur pratique sur la tendance communautaire, ce qui illustre clairement que la variable ±NE, en français montréalais, relève d’un phénomène typique de gradation d’âge.
This thesis examines one of the most widely studied linguistic variables in French: the presence or omission of the negative particle NE (±NE). Various linguistic and social constraints can influence the choice between these variants. Yet, while numerous studies have already explored this variable, most focus on European French, whereas quantitative research that integrates both linguistic and social factors in Montreal French remains rare. To bridge this gap, the present study draws on four successively collected oral corpora of Montreal French: that of 1971 (corpus Sankoff-Cedergren; Sankoff et al., 1976), that of 1984 (corpus Montréal 1984; Thibault & Vincent, 1990), that of 1995 (corpus Montréal 1995; Vincent et al., 1995), and, finally, that of 2012 (corpus variationniste Hochelaga-Maisonneuve; Blondeau et al., 2021). It offers a quantitative analysis of NE variation in real time over a span of more than forty years. The real-time findings first indicate that NE variation remains generally stable at the community level throughout the period studied. Then, following earlier research (Sankoff & Vincent, 1977; Flesch et al., 2024), the analysis confirms the principal role of age among social factors: younger speakers use NE less frequently than their elders. We therefore propose that NE variation follows an age-grading pattern: the community remains stable overall, whereas individuals gradually increase their use of NE as they grow older. An examination of panel data from the longitudinal corpora (1971, 1984, and 1995) supports this hypothesis: some speakers adjust their linguistic behaviour over the course of their lives, gradually aligning their usage with the community trend, thereby demonstrating that the ±NE variable in Montréal French exemplifies a typical age‑grading phenomenon.