Comment désigner l’ennemi public international? : une histoire conceptuelle du terrorisme


Thèse ou mémoire / Thesis or Dissertation

Date de publication

Autrices et auteurs

Identifiant ORCID de l’auteur

Contributrices et contributeurs

Direction de recherche

Publié dans

Date de la Conférence

Lieu de la Conférence

Éditeur

Cycle d'études

Doctorat / Doctoral

Programme

Affiliation

Mots-clés

  • Histoire conceptuelle
  • Terrorisme
  • Terrorism
  • Conceptual history
  • International organizations
  • International law
  • International cooperation
  • Listing
  • United nations
  • Counterterrorism
  • Critical terrorism studies
  • Organisations internationales
  • Droit international
  • Coopération internationale
  • Définition
  • Listage
  • Organisation des Nations unies
  • Antiterrorisme
  • Études critiques du terrorisme

Organisme subventionnaire

Résumé

Résumé

Pourquoi parle-t-on tant de « terrorisme », alors même que l’imprécision de la notion et, en particulier, l’impossibilité à la définir d’une façon satisfaisante, sont inlassablement soulignées depuis plus d’un siècle ? Ce paradoxe, bien souvent attribué à sa nature politique et donc nécessairement polémique, est pourtant balayé, la plupart du temps sans grande explication, par les chercheur·euse·s du champ des terrorism studies, qui continuent d’ériger le « terrorisme » en concept analytique pertinent et objectivable. Les mêmes problèmes se donnent à voir en pratique avec ce qui se dit « antiterrorisme » et qui, par la désignation ambiguë de ses objets, peut dévier vers une forme de répression politique qui ne dit pas son nom. Le but de cette thèse est de prendre le constat de cette ambiguïté et polémicité du « terrorisme » au sérieux, constat trop facilement réduit à un lieu commun (résumé par l’adage selon lequel « Les terroristes des uns sont les combattants de la liberté des autres ») alors même que sa tangibilité historique aussi bien que ses effets politiques sont indéniables. L’enjeu est donc de retracer l’histoire des controverses sémantiques qui entourent le concept sociopolitique de terrorisme. Défini, avec Reinhart Koselleck, comme un concept historique fondamental, le « terrorisme », notion apparue en France à la fin de l’été 1794 (comme nom de l’épisode dit de la « Terreur »), est à historiciser afin de voir en quoi son sens (loin d’aller de soi) et ses usages (toujours conflictuels) ont évolué au fil du temps. Il s’agit de réaliser une histoire du concept international de terrorisme, par le biais des discussions entourant sa désignation au sein de la Société des Nations puis de l’Organisation des Nations unies. La polysémie et l’ambiguïté du concept sociopolitique de terrorisme seront approchées au travers de la tension qui entoure sa désignation, tiraillée entre l’idéal d’une définition, juridique et universelle, et la réalité présente du listage, instrument policier également ouvert au « jeu des puissances ». Il sera vu qu’après un XIXe siècle au cours duquel le « terrorisme » devient concept, celui-ci circule et commence à être formulé comme un problème international pendant l’entre-deux-guerres. Se globalisant jusqu’aux années 1970, le concept appelle en premier lieu une définition juridique. L’impossibilité de celle-ci est bientôt admise ; de là, il s’agit de la contourner, ce pour quoi le concept se trouve morcelé en une multitude d’actes définis un à un, puis bientôt en une myriade d’acteurs : le listage finit par s’imposer à la fin des années 1990, sans que l’idéal d’une définition universelle ne disparaisse jamais vraiment. Derrière la tension entre définition et liste, il s’agira d’approcher les contradictions intrinsèques au concept de terrorisme, oscillant constamment entre des usages scientifiques, juridiques ou techniques qui tendent à le présenter comme un phénomène objectivable et ceux, plus clairement politiques, qui voient dans le « terroriste » la figure de l’ennemi public international. Ce faisant, cette histoire du concept de terrorisme sera aussi une histoire de la modernité et de la communauté internationale dites « antiterroristes », dont les contours sont sans cesse (re)négociés au travers de la désignation de l’illégitime international.
Why is “terrorism” so central today, even though the imprecision of the notion and, in particular, the impossibility of defining it in a satisfying way, have been tirelessly emphasized for over a century? This paradox, often attributed to its political (hence polemical) nature, is generally dismissed without much explanation by researchers in the field of terrorism studies, who continue to approach “terrorism” as a relevant and objectifiable analytical concept. The same problems can be seen in practice with what calls itself “counterterrorism” and which, through the ambiguous designation of its object, can drift towards unspoken political repression. The aim of this thesis is to take the ambiguity and polemical nature of “terrorism” seriously, despite being often too easily reduced to a truism (according to which “One man’s terrorist is another man’s freedom fighter”), even though its historical tangibility and political effects are undeniable. The aim of this thesis, then, is to trace the history of the semantic struggles that surround the sociopolitical concept of terrorism. Defined with Reinhart Koselleck as a basic historical concept, “terrorism” is a notion that appeared in France at the end of summer 1794 (as the name of the episode known as the “Terreur”) and which needs to be historicized in order to see how its meaning (far from being self-evident) and uses (always contested) have evolved over time. The aim is to provide a history of the international concept of terrorism, through the discussions surrounding its designation at the League of Nations and then the United Nations. The polysemy and ambiguity of the sociopolitical concept of terrorism will be explored through the tension that surrounds its designation, torn between the ideal of a legal and universal definition and the present-day reality of listing, as a policing instrument that is also open to “power politics”. It will be seen that, after becoming a concept during the 19th century, “terrorism” travelled and began to be formulated as an international problem during the interwar era. As the concept globalized until the 1970s, it required a legal definition. The impossibility of such a definition was soon acknowledged, hence the concept being split into a multitude of acts defined one by one, and then soon into a myriad of actors: listing finally became the norm in the late 1990s, without the ideal of a universal definition ever really disappearing. Through the tension between definition and listing, the aim is to approach the contradictions that are inherent to the concept of terrorism, as one constantly oscillating between scientific, legal and technical uses that tend to present it as an objectifiable phenomenon, and the more clearly political uses that perceive the “terrorist” as the figure of the international public enemy. In so doing, this history of the concept of terrorism will also be a history of the so-called “antiterrorist” modernity and international community, whose contours are constantly (re)negotiated through the designation of this form of absolute illegitimacy.

Table des matières

Notes

Thèse réalisée en cotutelle entre l'École de criminologie de l'Université de Montréal et le Département d'histoire de l'Université de Caen Normandie.

Notes

Autre version linguistique

Ensemble de données lié

Licence

Approbation

Évaluation

Complété par

Référencé par

Ce document diffusé sur Papyrus est la propriété exclusive des titulaires des droits d'auteur et est protégé par la Loi sur le droit d'auteur (L.R.C. (1985), ch. C-42). Sauf si le document est diffusé sous une licence Creative Commons, il ne peut être utilisé que dans le cadre d'une utilisation équitable et non commerciale comme le prévoit la Loi (i.e. à des fins d'étude privée ou de recherche, de critique ou de compte-rendu). Pour toute autre utilisation, une autorisation écrite des titulaires des droits d'auteur sera nécessaire.