Re/tracer les devenirs-pauvres en contexte urbain : ethnographie d’un Sherbrooke en luttes


Thèse ou mémoire / Thesis or Dissertation

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Doctorat / Doctoral

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Mots-clés

  • pauvreté
  • luttes urbaines
  • gentrification
  • urban struggles
  • critical ethnography
  • creative writings
  • expert regimes
  • governance
  • Sherbrooke
  • ethnographie critique
  • écritures créatives
  • point de vue situé
  • contextualisme radical
  • régimes d’expertises
  • gouvernance
  • poverty

Organisme subventionnaire

Résumé

Ma thèse consiste en un travail ethnographique critique réalisé dans le centre-ville de Sherbrooke (Québec, Canada), quartier populaire où des initiatives de revitalisation s’inscrivent dans le processus de gentrification en cours. Afin de déconstruire le regard gestionnaire qui appréhende la pauvreté et les enjeux qui y sont liés « à partir du haut » (Scott, 2021), j’y aborde les enjeux liés à la pauvreté au plus près, dans les manières dont ils sont vécus, à savoir leurs dimensions sensibles, affectives et incarnées. En recourant aux outils théoriques des féminismes du point de vue situé (Ahmed, 2000, 2010 ; Haraway, 1988 ; Harding, 2004, Hill Collins, 1997 ; hooks, 1991) et du contextualisme radical (Grossberg, 2006, 2013), j’y interroge de l’intérieur et à partir du bas les manières d’habiter les milieux urbains contemporains et je tente d’esquisser les trajectoires et les lignes de forces actuelles et virtuelles des devenirs-pauvres. J’ai déclenché le terrain de l’ethnographie à partir de deux événements modifiant les habitudes et les pratiques des habitant.e.s du quartier et faisant l’objet de mobilisations citoyennes : (1) les travaux de revitalisation de la rue Wellington Sud ; (2) les investissements majeurs, sur la rue Alexandre (située à 500 m de la rue Wellington Sud) par le groupe immobilier Fierbrooke. Ces événements ont provoqué d’importants déplacements, mais se sont aussi heurtés à des formes de résistances, notamment les mobilisations de citoyen.ne.s contestataires et la persistance de nombreux.seuse.s évincé.e.s continuent d’habiter l’espace du centre-ville, notamment dans le campement sous le pont Joffre, au parc du Petit Canada et aux abords de la rivière St-François. Par la mise en présence contrastée d’écritures collaboratives s’inscrivant dans différents registres (analytiques, poétiques, narratifs, pamphlétaires) et de mode d’archivages minorisés dans la recherche en sciences sociales (dessins, cartes, collages), ma thèse d/écrit le terrain de l’ethnographie et le terrain des luttes dans lesquels elle s’inscrit. J’y retrace les devenirs-pauvres tels qu’ils se déploient spécifiquement dans une conjoncture marquée par une pandémie mondiale, une importante crise du logement, un appauvrissement marqué des classes moyennes et pauvres, une augmentation marquée des morts par surdose ainsi que dans le contexte du Sherbrooke qu’ont fait et que font être des groupes populaires, des organismes communautaires, des réseaux d’aide mutuelle, des stratégies de survie (Deleuze et Guattari, 1972), des pratiques d’intervention sociale et des savoirs expérientiels et institués. La thèse est organisée en quatre chapitres : 1) « Le terrain des luttes », contenant deux parties, à savoir « Des sens communs à dé/faire » et « L’enquête autonome : des publics à dé/faire » ; 2) « Questions d’écritures » ; 3) « L’an/archive et ses traces » ; et 4) « Par et pour ou contre? : re/tracer un milieu et ses devenirs-pauvres ». S’ajoute à ces chapitres trois vignettes théoriques qui interrompent la thèse de manière à rendre visibles et explicites les structures d’exploitation et d’oppression qui la traversent et qui sont propres au contexte sociohistorique dans lequelle elle s’inscrit.


My thesis consists of critical ethnographic work carried out in downtown Sherbrooke (Quebec, Canada), a working-class district where revitalization initiatives are part of an ongoing gentrification process. In order to deconstruct the managerial gaze that apprehends poverty and related issues "from above" (Scott, 2021), I approach poverty-related issues in the ways in which they are experienced, namely their sensitive, affective and embodied dimensions. Using the theoretical tools of situated viewpoint feminism (Ahmed, 2000, 2010; Haraway, 1988; Harding, 2004, Hill Collins, 1997; hooks, 1991) and radical contextualism (Grossberg, 2006, 2013), I interrogate from within and from below the ways in which contemporary urban milieux are inhabited, and attempt to sketch the current and virtual trajectories and lines of force of becoming-poor. I based my ethnographic fieldwork on two events that changed the habits and practices of local residents and were the subject of citizen mobilization: (1) the revitalization of the Wellington Sud Street; (2) major investments on rue Alexandre (located 500 m from rue Wellington Sud) by the Fierbrooke investment group. These events provoked major displacements, but also faced forms of resistance, as citizens mobilized to protest and many of those evicted continue to inhabit the downtown space, notably in the encampment under the Joffre Bridge, in the Petit Canada Park and on the banks of the Rivière St-François, amongst the neighborhood balconies. Through the contrasting presence of collaborative writing in different registers (analytical, poetic, narrative, pamphleteering) and modes of archiving minoritized in social science research (drawings, maps, collages), my thesis d/writes the terrain of ethnography and the terrain of struggles in which it is inscribed. In it, I trace the becoming-poor as it unfolds specifically in a context marked by a global pandemic, a major housing crisis, marked impoverishment of the middle and poor classes, a important increase in overdose deaths, and in the context of the Sherbrooke that popular groups, community organizations, mutual aid networks, survival strategies (Deleuze and Guattari, 1972), social intervention practices and experiential and instituted knowledge have made and continue to make. The thesis is organized into four chapters: 1) "Le terrain des luttes", containing two parts, namely "Des sens communs à dé/faire" and "L'enquête autonome: des publics à dé/faire"; 2) "Questions d'écritures"; 3) "L'an/archive et ses traces"; and 4) "Par et pour ou contre?" re/tracing a milieu and its becoming-poor". These chapters are supplemented by three theoretical vignettes that interrupt the thesis in such a way as to make visible and explicit the structures of exploitation and oppression that run through it and are specific to the socio-historical context in which it is embedded.

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