Le « retour » de la bicyclette à Montréal : entre régulation de la mobilité et imaginaires sociaux
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Cycle d'études
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Mots-clés
- Bicyclette
- Vélo
- Imaginaries
- Urban renaissance
- Active mobility
- Sustainable mobility
- Velomobility
- Montréal
- Imaginaires
- Renaissance urbaine
- Mobilité active
- Mobilité durable
- Vélomobilité
- Bicycle
- Montreal
Organisme subventionnaire
Résumé
À partir d’un regard historique, cette thèse explore comment le « retour » de la bicyclette à Montréal participe à l’articulation d’imaginaires de la mobilité. Les conditions de son « retour » sont interrogées en lien aux mobilisations citoyennes et luttes cyclistes en Amérique du Nord et à Montréal durant les années 1970; en lien à la Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement, invitant les municipalités à l’action selon les principes de développement durable proclamés en 1992; et en lien aux politiques, aux stratégies et aux plans adoptés au Québec et à Montréal depuis lors pour encadrer, réguler et normaliser la mobilité de la bicyclette. La bicyclette constitue le point d’entrée vers l’analyse d’un ensemble de pratiques et de discours qui participent à façonner une formation culturelle contingente et située (nommée le « vélo ») (Grossberg, 1992; R. Williams, 1986), et à performer des imaginaires sociaux par et à travers la bicyclette (Castoriadis, 1975; Jasanoff et Kim, 2009). Inspiré par les travaux qui analysent le rôle structurant des grands projets de mobilité dans l’histoire montréalaise, j’analyse comment la bicyclette développe et performe des imaginaires sociaux dans et au travers des projets de mobilité « active » et « durable ». À la manière dont l’automobilité a permis le développement d’imaginaires spécifiques de la mobilité, la bicyclette donne aujourd’hui forme à des visions, des savoirs et des discours renouvelés sur la ville « idéale ». Guidée par les notions de « retour à la ville », de « retour au centre », ou de « retour à la rue » identifiées dans la littérature, mon analyse des conditions du « retour » de la bicyclette fera émerger une série de médiations qui participent à produire et à organiser des spatio-temporalités urbaines « durables » (Massey, 1993; Sharma, 2013a). Cette recherche présente ainsi une analyse critique de la bicyclette comme « un véhicule pour une ville nouvelle » (Stehlin, 2019) articulant des processus politiques, économiques, sociaux et culturels de production de l’urbain, et organisant des mises en forme et des mises en ordre soutenues par des principes de « mobilité durable ». Au-delà de sa matérialité, la bicyclette émerge de l’analyse comme un élément permettant l’articulation de dynamiques de gouvernement par la mobilité (Bærenholdt, 2013); comme l’un des moteurs d’une « renaissance urbaine » à l’échelle de « quartiers » (Stehlin, 2019); et participant de processus d’esthétisation (Lipovetsky et Serroy, 2013) dans des pratiques commerciales et artistiques mettant en scène la bicyclette et performant des imaginaires sociaux et culturels de la mobilité.
From a historical perspective, this thesis explores how the “return” of the bicycle in Montreal participates in the articulation of mobility imaginaries. The conditions of this “return” are interrogated in relation to civic engagement and cyclists protests in North America and in Montreal during the 1970s; in relation to the 1992 Rio Declaration, calling for municipal action aligned with the principles of sustainable development; and in relation to policies, strategies and plans adopted in Quebec and in Montreal since then to manage, regulate and normalize bicycle mobilities. The bicycle is the starting point for the analysis of practices and discourses that shape a contingent and situated cultural formation (called le vélo) (Grossberg, 1992; R. Williams, 1986), and that perform related imaginaries by and through the bicycle (Castoriadis, 1975; Jasanoff et Kim, 2009). Drawing inspiration from studies that examine the structuring role of large-scale mobility projects in Montreal's history, I analyze how the bicycle develops and performs urban imaginaries in and through active and sustainable mobility projects. Similar to how automobility has fostered and shaped specific mobility imaginaries, the bicycle today gives fosters and gives shape to renewed visions, knowledges, and discourses on the “ideal” city. Building upon the notions of “return to the city”, “return to the centre”, or “return to the street” found in the literature, my analysis of the conditions enabling the “return” of the bicycle will lead to a series of mediations that contribute to the production of sustainable urban spatio-temporal configurations (Massey, 1993; Sharma, 2013a). Thus, this research presents a critical analysis of the bicycle as a “vehicle for a new city”, articulating political, economical, social and cultural processes of urban production, shaping and ordering in line with “sustainable mobility” principles. Beyond its materiality, the bicycle arises from the analysis as an element allowing the articulation of governmentality through mobility (Bærenholdt, 2013); as a driving force towards an “urban renaissance” at the scale of neighborhoods (quartiers) (Stehlin, 2019); and contributing to aestheticization process (Lipovetsky et Serroy, 2013) within retail and artistic staging the bicycle and performing social and cultural mobility imaginaries.