Les deux orphelines d'Adolphe d'Ennery et Eugène Cormon (1874) ; "Oculaire", larmes et cécité : le mélodrame achevé


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Mots-clés

  • Aveugle
  • Cormon
  • Blindness
  • Disability
  • Melodrama
  • Modernity
  • 19th century French Theatre
  • Two Orphans
  • Visual Studies
  • Dennery
  • Handicap
  • Pathos
  • Tableau
  • Théâtre français du XIXe siècle
  • Mélodrame
  • Modernité
  • Théâtre de la Porte-Saint-Martin

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Résumé

Résumé

Dans le premier chapitre de ce mémoire consacré aux Deux orphelines d’Adolphe d’Ennery et Eugène Cormon [Paris, Théâtre de la Porte-Saint-Martin, 29 janvier 1874], nous cherchons à caractériser ce mélodrame. Partant des différentes épithètes que nous offre la littérature critique, – “classique” (Brooks), “diversifié” (Thomasseau), “populiste” (Ubersfeld) ou “retrouvé” (Sarcey) –, sans oublier “l’oculaire du clou” (Thomasseau), nous proposons finalement de caractériser Les deux orphelines comme “mélodrame de l’oculaire des larmes”. Cette formulation recouvre trois aspects : il intègre la pièce dans la chronologie fin de siècle de l’histoire d’un genre qui a accompagné les révolutions, à commencer par celle de 1789 (Przyboś, Le Hir) ; il met en avant une esthétique du tableau (Frantz) qui relève cependant, à notre sens, davantage du visuel que du spectaculaire ; enfin, il souligne une éthique résolument pathétique. “Oculaire”, “larmes” ? Dans ce « drame du signe » (Brooks) qu’est le mélodrame, ceci nous conduit inévitablement à interroger le lien qui peut exister entre la pièce, le genre mélodramatique et la cécité de Louise, l’une des deux orphelines. Dans le deuxième chapitre, nous étudions donc la cécité telle qu’elle est présente dans l’œuvre. L’étude du personnage de Louise s’impose, ce qui nous permet, par des exemples tirés de la pièce et à l’aune des disability studies, d’illustrer, en les confortant, les représentations traditionnelles de la jeune fille aveugle en vogue dans la fiction populaire au XIXe siècle (Weygand, Kudlick, Thompson). Mais, établissant le parallèle avec le mutisme (Brooks) et envisageant alors la cécité comme “infirmité de genre”, – telle est la formulation que nous proposons –, elle se révèle infirmité symptôme du mélodrame fin de siècle, le théâtre s’appropriant les représentations de la cécité pour dire le genre mélodramatique. Interprétée dans la logique de la surenchère propre au mélodrame (Angenot), nous montrons que la cécité en défie les conventions esthétiques et éthiques, jusqu’à les perdre – jusqu’à l’y perdre. Bien plus, interprétée dans le cadre du dispositif propre au théâtre (Féral), nous convenons que la cécité des Deux orphelines, tout en s’inscrivant dans le questionnement sur le regard qui habite l’art théâtral de l’époque, acte, vingt ans avant la naissance du cinéma, la fin de la prééminence du théâtre sur les autres spectacles de divertissement (Yon). Enfin, interprétée à la lumière d’une historiographie du XIXe siècle revisitée (Fureix et Jarrige), la cécité, qui s’oppose au visuel et à l’image, signe, dans le domaine culturel, la résistance du public des mélodrames à la modernité. Ainsi, talentueusement servie par le savoir-faire de d’Ennery et Cormon, deux mélodramaturges aguerris, la cécité, par sa capacité dramatique (Stoddard Holmes) tout autant que par sa puissance sémiotique, fait des Deux orphelines un mélodrame (par)achevé.
In the first chapter, we seek to characterize Les Deux Orphelines by Adolphe d’Ennery and Eugène Cormon [Paris, Théâtre de la Porte-Saint-Martin, February 29th, 1874] as a melodrama. Starting from the different epithets offered us by critical literature – “classic” (Brooks), “diversifié” (Thomasseau), “populaire” (Ubersfeld) or “retrouvé” (Sarcey) – not forgetting “l’oculaire du clou” (Thomasseau), we finally propose to characterize Les Deux Orphelines as a “mélodrame de l’oculaire des larmes”. This formulation covers three aspects: it integrates the play into the chronology of a genre which accompanied revolutions, beginning with that of 1789 (Przyboś, Le Hir); it emphasizes an esthetic amplified by the tableau (Frantz) arising, however, it seems to us, more from the visual than from the spectacular; finally, it underlines an ethic which is resolutely pathetic. “Ocular”, “tears”? In this play of signs (Brooks) that is melodrama, we are inevitably led to question the link which may exist between the play, the melodrama as a genre and the blindness of Louise, one of the two orphans. In the second chapter, therefore, we study blindness as it is presented in this work. The study of Louise’s character is essential, permitting us, through examples taken from the play and in light of disability studies, to illustrate, while comforting them, the traditional young blind girl in vogue in popular fiction in the 19th century (Weygand, Kudlick, Thompson). However, establishing the parallel with the mute (Brooks) and so envisaging blindness as an “infirmity of style”, –which is the formulation we propose–, the infirmity reveals itself as symptomatic of fin de siècle melodramas, the theatre using representations of blindness to characterize the melodrama as a genre. Interpreted in the logic of outdoing which is melodrama (Angenot), we will show that blindness defies the esthetic and ethic conventions until it challenges the melodrama itself. Even more, interpreted in the framework of theatricality (Féral), we acknowledge that the blindness in Les Deux Orphelines, while fitting into the questioning about seeing that haunted theatrical art of the time, foreshadowed, twenty years before the birth of cinema, the end of the prominence of theatre over other forms of entertainment (Yon). Finally, interpreted in light of a revisited historiography of the 19th century (Fureix et Jarrige), blindness, as opposed to vision and image, signified, in the cultural domain, the public’s resistance to modernity. Thus, served with great talent by d’Ennery and Cormon, two seasoned melodramatic playwrights, blindness, by its dramatic capacity (Stoddard Holmes) coupled with its powerful semiotics, makes Les Deux Orphelines a melodrama to end all melodramas.

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