L’entrepreneuriat féminin au Burkina Faso : les impacts, les barrières et les mesures de soutien

Abstract

L’entrepreneuriat féminin est en hausse actuellement au Burkina Faso, surtout dans le domaine agricole. Cette hausse de l’intérêt des femmes à l’entrepreneuriat est due à la croissance démographique du pays et à la difficulté du secteur public à pourvoir l’emploi pour tous. Les femmes entrepreneures, bien qu’elles soient minoritaires comparativement aux hommes, sont des actrices incontournables du développement et de la résilience économique du Burkina Faso. Elles contribuent à la création d’emplois, à la croissance de la production locale, à la solidarité et à la diversification personnelle de l’économie. Avec la hausse de l’entrepreneuriat féminin, le défi de changer cette structure de l’économie, c’est-à-dire de migrer de l’agriculture traditionnelle vers un type moderne, s’impose. Malgré leur place de nouveau pilier de développement économique, les femmes entrepreneures burkinabè ont des difficultés à mettre leur potentiel en valeur. Les difficultés d’accès aux ressources financières, les inégalités systémiques basées sur le genre, les normes socioculturelles et domestiques qui gouvernent la société constituent des barrières qui les empêchent de s’affirmer et de connaitre le succès dans l’entrepreneuriat. En termes de rémunération, à compétences égales et pour la même activité, les femmes gagnent en moyenne moins que des hommes. Comme solutions à ces difficultés, des mesures de soutien et d’accompagnement ont été prises par les décideurs, pour accompagner les femmes dans la création d’emploi. Notre objectif général est d’analyser la performance de l’entrepreneuriat féminin au Burkina Faso. Un sondage a été effectué du 14 au 27 août 2024 auprès de 221 femmes entrepreneures âgées de plus de 18 ans dans quatre villes du Burkina Faso, en collaboration avec la Chaire BMO en diversité et gouvernance, Université de Montréal. Les résultats de l’analyse statistique nous ont permis de valider partiellement nos deux hypothèses. L’analyse des données indique qu’au Burkina Faso, les mesures de soutien affectent la performance humaine, organisationnelle et économique, et une faible performance sociale des entrepreneures. La majorité des entrepreneures sont âgées de 35 à 40 ans avec un niveau préuniversitaire. Le commerce est l’activité dominante, pratiquée en façon informelle. Les caractéristiques individuelles et celles organisationnelles prédisent la performance. Au Burkina Faso, il existe déjà des mesures de soutien à l’entrepreneuriat féminin. Mais ces mesures sont insuffisantes et pas trop connues. La sensibilisation sur l’utilisation efficiente des mesures de soutien, l’amélioration de l’environnement d’affaires pour les femmes, comme l’accès au crédit, à la formation professionnalisante, à l’éducation et mentorat sont vivement recommandés pour améliorer la performance des femmes entrepreneures. Female entrepreneurship is increasing in Burkina Faso, especially in the agricultural sector. This increase in women's interest in entrepreneurship is due to the country's demographic growth causing unemployment and the of the difficulty of public sector in providing jobs for all. Women entrepreneurs, although they are fewer compared to men, play an important role in the development and economic resilience of the country. They contribute to job creation, the growth of local production, solidarity and diversification of the economy. With the increase in female entrepreneurship, the challenge of changing this structure of the economy, moving from traditional agriculture to modern agriculture, will increase. While having a significant impact on economic development, women entrepreneurs face challenges and barriers. The barriers are financial discrimination, systemic inequalities based on gender, and sociocultural and domestic norms. Also, in terms of income, with equal skills and for the same activity, women earn on average less than men. Support and assistance measures are been taken to assist women in job creation. This study aims to analyze the performance of female entrepreneurship by emphasizing the impact of support measures. A survey was carried out from August 14 to 27, 2024 among 221 women entrepreneurs aged over 18 in four cities in Burkina Faso, in collaboration with the BMO Chair in Diversity and Governance, University of Montreal. The results of the statistical analysis allowed us to partially validate our two hypotheses. This analysis indicates that businesses run by women have good human, organizational and economic performance, and poor social performance. Most of female entrepreneurs are aged 35 to 40 with a pre-university level. Trading is the dominant activity, practiced informally. Individual and organizational characteristics of the entrepreneur also predict performance. However, women face constraints and barriers that slow down their momentum in the development process. Sensitive gender policies, focused on improving the business environment for women, such as access to credit, professional training, education and mentoring are strongly recommended. Burkina Faso has already settled measures to support female entrepreneurship. But these measures are insufficient and not well known by the target population. Raising awareness on the efficient use of support measures, improving the business environment for women, such as access to credit, professional training, education and mentoring are strongly recommended to improve the performance of women entrepreneurs.