Reconceptualisation de la violence et potentiel subversif de la pratique de la boxe par des femmes des classes populaires : ethnographie à Tunis


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  • boxe
  • femmes
  • boxing
  • women
  • violence
  • femininity
  • body
  • class
  • mobility
  • coloniality
  • intersectionality
  • Tunisia
  • violence
  • féminité
  • corps
  • classe
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  • colonialité
  • intersectionnalité
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Résumé

Résumé

À travers l’étude de la pratique de la boxe, sport jugé violent et masculin, par des femmes appartenant majoritairement aux classes populaires en Tunisie, ma thèse interroge le caractère dépossédant de l’essentialisation de la violence féminine. À l’instar d’autres travaux (Cardi et Pruvost, 2011; Dauphin et Farge, 1997 ; Gentry et Sjoberg, 2015), elle met de l’avant la capacité des femmes de mobiliser leurs corps sur un mode violent, voire sa nécessité vitale dans certains contextes (Fanon, 2002). Si le caractère extrême dans le traitement de la violence féminine touche les femmes en général, il concerne surtout celles se trouvant à l’intersection de plusieurs axes de division sociale, ce qui impacte et façonne leurs « habitus » et « hexis corporelle » (Bourdieu 2002, 1980, 1997) mêmes. Partant d’une perspective féministe intersectionnelle (Collins et Bilge, 2016 ; Crenshaw, 2019) avec des éléments de fond décoloniaux (Lugones, 2008 ; Maldonado-Tores, 2007 ; Quijano, 1994, 2000, 2007), ma thèse questionne entre autres le lien entre féminité, classe, boxe et violence. Vingt entrevues semi-directives et approfondies (Beaud et Weber, 2010) avec des boxeuses de haut-niveau, des entrevues formelles et informelles avec des experts et responsables dans le milieu de la boxe, une observation et une observation participante, en plus d’éléments auto-ethnographiques (Ellis et al., 2011), sont mobilisé.e.s. Les six chapitres de la thèse abordent tout d’abord mon rapport avec le terrain et mon objet de recherche. Je traite ensuite de la socio-histoire de l’implantation de la boxe en Tunisie et ses spécificités territoriales aujourd’hui, et je m’arrête sur les trajectoires biographiques des participantes à la recherche. La pratique de la boxe et les discriminations auxquelles font face les boxeuses constituent un autre axe de mon travail. Leur représentation, mise en exercice de la violence et les impacts de la boxe sur leur quotidien constituent d’autres axes majeurs de cette thèse. J’essaie de démontrer le potentiel de subjectivation de la violence pour des subalternes qui se trouvent accolées à la marge. Notamment en me basant sur des conceptualisations féministes bourdieusennes (Adkins et Skeggs, 2004 ; McLeod, 2005 ; Moi, 1991 ; Skeggs, 1997, Thorpe, 2009), j’y mets également en lumière la possibilité effective pour des femmes subalternes de créer, non sans labeur, un nouvel « habitus » et une nouvelle « hexis corporelle ».
Through the study of the practice of boxing, a sport considered violent and masculine, by women belonging mainly to the working classes in Tunisia, my thesis questions the dispossessing character of the essentialization of female violence. Like other works (Cardi and Pruvost, 2011; Dauphin and Farge, 1997; Gentry and Sjoberg, 2015), it highlights the capacity of women to mobilize their bodies in a violent mode, including at times, its vital necessity (Fanon, 2002). While the extreme nature in the treatment of female violence affects women in general, it especially concerns those who are at the intersection of several axes of social division, which impacts and shapes the “habitus” and “corporeal hexis” (Bourdieu 2002, 1980, 1997) of women themselves. Based on a feminist perspective informed by intersectionality (Collins and Bilge, 2016; Crenshaw, 2019) with decolonial background elements, my thesis therefore questions, among other things, the link between femininity, class, boxing and violence, in terms of practices, of the body and of representations. Twenty semi-structured and in-depth interviews (Beaud and Weber, 2010) with high-level female boxers, informal interviews with boxing experts, observation and participant observation, in addition to auto-ethnographic elements (Ellis et al., 2011) are mobilized. The six chapters of the thesis begin by addressing my relationship with my research field and object. I then deal with the socio-history of the establishment of boxing in Tunisia and its territorial specificities today. Then, I focus on the biographical trajectories of the research participants. The practice of boxing and the discrimination faced by female boxers constitute another axis of my work. Their representation, exercise of violence and the impacts of boxing on their daily lives constitute other major axes of this thesis. I try to demonstrate the potential for subjectification of violence for subalterns who find themselves stuck on the margins. Anchoring my analysis in bourdieusian-feminist approaches (Adkins and Skeggs, 2004; McLeod, 2005; Moi, 1991; Skeggs, 1997; Thorpe, 2009), I also highlight the effective possibility for subaltern women to create, not without labor, a new “habitus” and a new “corporeal hexis”.

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