Faculté des arts et des sciences – Département des littératures de langue française - Thèses et mémoires

URI permanent de cette collectionhttps://hdl.handle.net/1866/2996

Cette collection présente les thèses et mémoires des étudiant.e.s du Département des littératures de langue française de l'Université de Montréal.

1990 - : Couverture exhaustive (quelques titres manquants)
avant 1990 : Période non couverte ou couverture partielle

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    Des mondes harmonieux; suivi de Satire, compromis et domination genrée : la conversation artistique dans les romans de Marcel Proust et de Virginia Woolf
    Marcoux, Rémi; Mavrikakis, Catherine (2025-06)
    Des mondes harmonieux est un roman qui narre une soirée d’octobre 2016, à Outremont, et dont le propos gravite autour de conversations artistiques (sur la musique, la peinture et la littérature principalement). Comme dans un opéra pré-wagnérien, les récitatifs (fragments de conversation qui font évoluer l’action) alternent avec les airs (solos représentant les monologues intérieurs des personnages). Quatre protagonistes livrent ainsi leur perception d’un faux salon mondain qui n’est que mise en scène. Florence, étudiante en littérature, retrouve la foi en un certain idéal de la conversation, surtout lorsque celle-ci, encadrée et considérée comme un art, échappe au laisser-aller de la « conversation sauvage ». Julien, étudiant en biologie, effectue d’ailleurs sans cesse des parallèles entre la scène conversationnelle et les mondes végétal et animal. Mme de Beaugrand, épousant complètement son rôle et souffrant d’un début d’Alzheimer, se tient à elle-même le discours de la salonnière modèle qu’elle voudrait avoir été, faute d’avoir pu réaliser sa vocation de compositrice. L’écrivain Bouchard, prenant la parole pour boucler le roman, nous dévoile les dessous de cette soirée arrangée, qui tient du dîner de cons. Dans ce roman truffé d’échanges esthétiques, tous les arts se répondent et s’assimilent à des activités (cuisine, art de recevoir) qui, traditionnellement, ne méritent pas cette étiquette. Satire, compromis et domination genrée : la conversation artistique dans les romans de Marcel Proust et de Virginia Woolf s’interroge sur la façon dont ces romanci.ère.s s’emparent de la conversation artistique pour en faire une matière de roman. Ces échanges prennent dans ce corpus une dimension le plus souvent satirique, qui s’exerce aux dépens des personnages (dont l’ignorance, le pédantisme et l’enthousiasme excessif sont mis en lumière), mais qui permet aussi d’attaquer des positions esthétiques (critique beuvienne, défense d’un art réaliste, moral ou patriotique), quand elle ne vise pas carrément la conversation artistique en tant qu’exercice. Les compromis dont relève la conversation artistique romanesque concernent son ambiguïté générique (entre critique et récit), son aspect intersubjectif (les personnages partagent une part de leur subjectivité en abordant ces sujets) et le mélange qui s’y produit entre le monde réel et le monde des arts. Enfin, les conversations artistiques sont dans notre corpus le lieu privilégié d’une domination genrée, qui permet à des personnages masculins d’écraser des femmes grâce à leur culture et à leur assurance supérieures. Ces passages sont surtout liés, chez Proust, à un projet esthétique, tandis qu’ils prennent une dimension foncièrement féministe et politique chez Woolf.
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    La coalescence affective de la photographie : effet de détail et notation chez Roland Barthes
    Maltais-Tremblay, François; Oberhuber, Andrea (2025-06)
    Ce mémoire de recherche sur « l’effet de détail » développe une scénographie de pensée qui insiste sur la matérialité des protocoles d’écriture de Roland Barthes (de la « notation » au « fichier »), de même que sur les rapports tissés par ces protocoles avec les effets mémoriels de la lecture d’« archives » photographiques dans La chambre claire (Boudinet, Stieglitz, Kertész). En procédant à une « archéologie du détail » (Schor) dans la critique théâtrale de Barthes de 1954 à 1960, cette étude examine, en un premier temps, les modélisations scénographiques du détail qui y sont d’abord prévalentes (« geste anthologique », « hypertrophie de la signification parcellaire », « pathologies du détail »), avant que la lecture « photographique » de Mère Courage de Brecht n’opère, en 1960, un tournant décisif dans la pensée barthésienne du « détail ». Une modélisation photographique du détail prend alors forme en même temps qu’un nouveau régime de « spectatio » de l’image que La chambre claire, en 1980, mettra en scène dans ce qu’il convient de nommer – en écho au « roman anamnésique » proustien – la Recherche photographique de Barthes. Pratique fragmentaire de notation du « réel », le « romanesque » y articule une « lecture détaillée » à une « écriture du détail », à un « “marcottage” des figures » du détail (« punctum »), que ce mémoire, en un second temps, s’efforce d’éclairer en recourant à la notion de « dettaglio » (Arasse) comme opérateur théorique. En mobilisant les « aiguillages temporels inédits » (Rancière) de l’« anachronie » du détail, Barthes aura ainsi écrit une fiction théorique sur le « réel » et le temps, traversée par la coalescence affective de la photographie.
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    Représentation de la figure de l’Amazone en science-fiction : dialogue entre Les Guérillères de Monique Wittig et Les Amazones de Josée Marcotte
    Bond, Catherine; Beaulieu, Jean-Philippe (2015-12)
    À travers deux textes publiés à quarante ans d’intervalle est réactualisée la figure de l’Amazone, figure qui incarne des traits à la fois « féminins » et « masculins » : Les Guérillères de Monique Wittig et Les Amazones de Josée Marcotte. Le présent mémoire vise à rapprocher ces œuvres de fiction afin d’illustrer les changements de paradigmes de la représentation de la figure de l’Amazone entre 1969 et 2012, années de publication des récits, le tout dans une visée plus largement féministe. La première partie étudie la forme fragmentée des ouvrages, en particulier leur généricité, leur appartenance à différents genres et à la façon dont ces genres influencent la représentation de l’Amazone à partir de l’observation des emprunts génériques, notamment aux utopies et dystopies. Suite à ces analyses, l’hybridité sexuelle des protagonistes des récits, soit leur appartenance à certains comportements dits féminins et à d’autres dits masculins, sera mise en parallèle avec l’hybridité textuelle auparavant glosée. À la lumière des bibliographies laissées en fin d’ouvrages par les auteures seront isolés certains intertextes qui permettront de montrer l’importance qu’a la possession et la dépossession de son corps pour l’Amazone, mais également de l’écriture comme outil d’émancipation des femmes. En conclusion, nous reviendrons sur l’actualité de la figure à l’étude tout en ouvrant sur de plus vastes perspectives féministes.
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    Le deuil en contexte migratoire dans Littoral de Wajdi Mouawad et Finir en beauté de Mohamed El Khatib suivi de La madeleine de Mohamed
    Si Allouch, Riduuaniea; Legendre, Claire; Larrue, Jean-Marc (2025-05)
    Dans l’essai qui suit, j’étudie le deuil en contexte migratoire dans Littoral de Wajdi Mouawad et Finir en beauté de Mohamed El Khatib. Je fonde mon analyse sur une approche postcoloniale avec les concepts de la philosophie de la Relation (Édouard Glissant) et de l’interruption généalogique (Abdelwahab Meddeb). Dans les deux pièces, les héros sont confrontés au rapatriement de la dépouille d’un parent au pays d’origine, un pays meurtri par le souvenir de la guerre que l’on devine être le Liban chez Mouawad et le Maroc chez El Khatib. Je chercherai à déterminer si le deuil est pour les personnages principaux l’occasion de renouer avec une filiation perdue depuis l’émigration des parents vers l’occident. La madeleine de Mohamed raconte le « deuil blanc » éprouvé par Titou pour son père atteint de la maladie d’Alzheimer. La pièce est en parallèle une enquête sur « Fathia », le bébé mort-né de la fratrie dont le deuil n’a jamais été fait. La pièce constituée de fragments est à la fois autofictionnelle et basée sur des documents retravaillés ou utilisés tels quels (notes de carnets, enregistrements, document juridique ou encore des photos). L’action se déroule sur plusieurs territoires entre le Québec et la France, parmi les vivants et les morts avec notamment la présence des jnouns et la réincarnation de Fathia désormais adulte redescendue sur terre sous forme d’ange pour accomplir une mission.
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    La séduction et le pouvoir au féminin : une analyse dramaturgique des personnages féminins dans La Princesse d’Élide (1664) et La Comtesse d’Escarbagnas (1671)
    Sachdeva, Giriman; Lyraud, Pierre (2025-04)
    Si la société classique est marquée par la rigidité des structures patriarcales, le théâtre met en scène et interroge, à la façon d'un laboratoire, les rapports de domination. Ce mémoire s’intéresse à approfondir la manière dont les femmes sont représentées dans La Princesse d’Élide (1664) et La Comtesse d’Escarbagnas (1671), celles-ci étant parmi les pièces moins connues de Molière. Le premier chapitre de ce mémoire s’appuie sur l’action dramatique pour montrer que les personnages féminins sont au cœur des tensions dramatiques – la Comtesse, d’une part, est enfermée dans son illusion de grandeur et déclenche un comique fondé sur le décalage et la moquerie, tandis que la Princesse se concentre davantage sur le rejet des conventions amoureuses où son autonomie est mise à l’épreuve. Dans le deuxième chapitre, l’approche rhétorique met en évidence les jeux d’influence et de persuasion, où le discours devient un moyen de puissance autant qu’un piège pour celles qui cherchent à s’affirmer. Si la Comtesse se noie dans un langage pédant, cherchant à se hisser par l’imitation des codes aristocratiques, la Princesse adopte un discours plus rationnel et structuré afin de légitimer son refus de l’amour et d’échapper aux attentes sociales. Enfin, le troisième chapitre interroge l’espace dramatique pour explorer les enjeux de domination et de résistance. Contrairement à la Comtesse qui aspire à régner à travers la disposition du corps, des gestes et des objets, la Princesse se réfugie non seulement dans un cadre bucolique, mais elle utilise ses propres stratégies séductrices, tentant de renverser des hiérarchies traditionnelles, fondées sur la domination des hommes.
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    Lou suivi de Face à la maladie mentale et à la création dans Cahier « Crécy » d’Unica Zürn
    Nayagom, Louise; Oberhuber, Andrea (2025-05)
    Ce mémoire en recherche-création explore le rôle de l’écriture chez le sujet dont la maladie mentale altère le rapport au corps et à la réalité. Du fait d’un quotidien rythmé par des phases de sévère restriction alimentaire et des phases de stabilisation, la narratrice de la création fait l’expérience de la spectralité, dû à un dédoublement de son esprit et de son corps. Le dialogue entre la narratrice et sa maladie personnifiée baptisée Lou, apporte un regard nouveau sur une pathologie très documentée avec le point de vue unique du double. Les différents personnages avec lesquels dialogue la narratrice sont tantôt des aides, tantôt des freins à sa rémission et elle devra choisir entre rester enfermée avec le visage personnifié de sa maladie ou l’abandonner pour (re)trouver son être entier. À travers le texte Cahier « Crécy », paru dans le recueil Vacances à Maison Blanche, nous tenterons, dans la partie essai de ce mémoire, de cerner l’écriture d’Unica Zürn. Cette auteure oscille entre des périodes de délires schizophréniques et de dépression, et profite du calme permis par celle-ci pour trouver le repos et la distance par rapport à soi nécessaires pour écrire. Fortement marquée par sa maladie mentale, Zürn tente de retranscrire le plus fidèlement possible son quotidien, malgré un esprit brumeux et un corps vaporeux. Cette séparation entre corps et esprit sera au cœur de notre réflexion lorsqu’il s’agira de tenter de comprendre si l’auteure se sert de l’écriture pour minimiser les effets de la scission entre corps et âme induits par la maladie mentale, ou si celle-ci y participe.
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    Vers une conception du jeu d’acteurice intermédial : les personnages intermédiaux dans le théâtre contemporain et dans la dramaturgie d’Hervé Bouchard
    Gagné-Dumais, Charlotte; Larrue, Jean-Marc (2025-04)
    L’intégration de plus en plus fréquente des médias numériques à la mise en scène des créations théâtrales contemporaines offre un nouvel espace de réflexion quant à la pratique du jeu d’acteurice, notamment en remettant en question la dichotomie habituelle qui oppose le jeu théâtral au jeu cinématographique. Afin de tenir compte de ces nouveaux contextes de performance (mettant en scène des présences filmiques, virtuelles ou robotiques) et de mieux saisir comment ceux-ci influencent le travail de l’interprète, cette recherche propose de dresser les bases d’une conception intermédiale du jeu d’acteurice qui s’inscrit dans une approche post-anthropocentrique et néomatérialiste de la pratique théâtrale. Cette réflexion utilise comme point de départ les préceptes de plusieurs théories fondamentales, jugées innovantes à leur époque, en regard du jeu d’acteurice, soit celles de Constantin Stanislavski, Antonin Artaud, Bertolt Brecht et Robert Bresson, qui servent de canevas à l’application des dynamiques de transparentisation, d’opacification et remédiation, ainsi que celles impliquant la médiation radicale et les intra-actions avec l’autre-qu’humain. Les œuvres de l’auteur Hervé Bouchard (essai, roman, théâtre), dont les réflexions sur le théâtre, la création et la performance enrichissent le discours, servent de point d’ancrage à ce travail d’analyse, permettant aux idées théoriques d’être confrontées à la fois aux enjeux que pose l’écriture novatrice de Bouchard et au réel de la création contemporaine dans une approche médiaturgique de la pratique théâtrale. Cette thèse met en relation les principes opératoires de la théorie intermédiale de façon à répondre au besoin concret de guider l’acteurice dans une pratique du jeu qui inclut non seulement la présence, mais la relation avec l’autre-qu’humain.
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    « Faire passer le malheur » : ethnocritique de l’avortement dans L’Événement d’Annie Ernaux
    Caron, Éléonore; Ménard, Sophie (2025-04)
    Ce mémoire a pour objet d’étude L’Événement (2000) d’Annie Ernaux, un court récit autobiographique dans lequel l’autrice raconte son avortement clandestin à Paris dans les années 1960. Inscrivant son histoire sous le signe d’une résistance à la maternité imposée, la voix de l’autrice s’ajoute à celle de sa narratrice pour commenter l’écriture au fur et à mesure qu’elle se déploie. Ce faisant, L’Événement est autant l’histoire d’un avortement que celle de la naissance de l’écrivaine. À partir d’une perspective ethnocritique du texte littéraire, cette étude s’intéresse à la manière dont l’avortement, dans L’Événement, est construit comme un rite de passage lors duquel la narratrice éprouve une altérité qui lui permet de se définir en tant que femme et en tant qu’écrivaine. L’avortement, dans L’Événement, se voit ritualisé par l’écriture. L’arrêt des menstruations marque l’entrée de la narratrice dans un temps et un espace en marge, où les films, les chansons, même les paroles la conduisent symboliquement vers l’avortement. Celui-ci est écrit comme appartenant à une longue chaîne de transmission, où chaque geste effectué, chaque outil employé est informé culturellement. L’œuvre révèle ainsi une certaine tradition de l’avortement en même temps qu’il l’actualise, de manière à lui conférer une force initiatique et une légitimité. La structure même du récit est homologue à celle d’un rite de passage : la narratrice, dans sa quête, passe tour à tour les grandes étapes de la séparation, de la marge et de l’agrégation. L’écriture insiste sur les logiques du passage, comme en témoigne sa matérialisation sous la forme du passage Cardinet, où l’avortement est accompli. Ce lieu devient à la fois celui où « passe » le malheur de la grossesse non désirée et celui où la narratrice se sépare définitivement du milieu de son enfance pour intégrer un autre monde, celui de l’écriture et de la vie intellectuelle. En outre, le texte problématise le passage entre deux paradigmes de soins, celui de l’entre-soi féminin à celui à dominance masculine des médecins. Enfin, l’écriture même du récit, en rejouant l’événement de l’avortement, se révèle être une traversée tout aussi initiatique, et permet à l’autrice de lier sa pratique scripturale à ce moment fondateur de son œuvre. En faisant de l’avortement une transgression donnant lieu à l’écriture, Annie Ernaux se fait elle-même passeuse, en laissant sur son chemin la trace de sa résistance.
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    Poétique de l'amitié dans Un cœur habité de mille voix de Marie-Claire Blais, suivi de Le rose monde
    Deschamps, Gabriel; Noël, Alex (2024-08)
    Ce mémoire se concentre sur la question de l’amitié, de ses représentations ainsi que de ses effets sur les subjectivités queer. La partie recherche porte sur le roman Un cœur habité de mille voix (2021) de Marie-Claire Blais. À partir d’une analyse formelle et stylistique de l’œuvre, marquée notamment par une esthétique baroquisante (Kyloušek, 2011) ainsi que par les traces d’inachèvement dont elle hérite du cycle Soifs (Nardout-Lafarge, 2023), j’analyse comment l’amitié s’inscrit dans le récit en décortiquant l’allégorie de la Ruche présentée dans le roman en tant qu’entité conceptuelle et affective et en tant que génératrice d’une écriture « alvéolaire ». Pour y parvenir, je fais appel à plusieurs théories queer (Foucault, 1976 ; Rich, 1981 ; Éribon, 1999) que je mets en relation avec des éléments associés à la prose blaisienne, à savoir l’usage de la polyphonie, l’instauration d’un climat d’adversité et l’influence de l’art sur la subjectivité des personnages. La partie création, Le rose monde, est un roman en fragments qui explore l’identité d’un sujet queer qui se constitue à partir de l’expérience de l’amitié. L’absence de linéarité entre les chapitres produit une œuvre ouverte qui échappe à une structure littéraire conventionnelle, et la phrase longue, telle qu’on peut la retrouver dans l’écriture de Blais, est ici doublée de ruptures afin de montrer que l’élan textuel n’est pas étranger à une forme fragmentaire.
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    Corps créature, corps créateur : paradoxes de l'androgynie dans Bonaventure de Bona de Mandiargues, suivi de Il y a de la lave sous toute ma neige
    Huynh, Héloïse; Oberhuber, Andrea (2024-08)
    Dans l’essai qui suit, je me penche sur la notion d’androgynie telle qu’elle est cristallisée dans Bonaventure, oeuvre intermédiale et autobiographique de la surréaliste Bona de Mandiargues. À travers le prisme des théories du genre de Judith Butler, de la notion d’ethos discursif de Ruth Amossy et des écrits féministes de Camille Froidevaux-Metterie et de Whitney Chadwick, je relèverai, dans un premier temps, les traces d’un rapport paradoxal à la féminité dans l’oeuvre : le corps féminin est à la fois mis à mal et idéalisé dans les entrées lexicales, tandis que des êthê masculin et féminin adoptés par la créatrice s’entrechoquent. Par la suite, je montrerai comment l’androgynie est envisagée comme solution qui lui permet d’habiter pleinement son corps : son déploiement, à travers, notamment, la figure de l’escargot et la grossesse, sera analysé en détail, tout comme ses incohérences issues du paratexte. Il y a de la lave sous toute ma neige est un carnet photolittéraire qui, comme Bonaventure, est marqué par l’intermédialité, l’imaginaire surréaliste et la problématique du corps féminin. Il est question du coming of age d’un je féminin qui, dans une première partie marquée par la couleur blanche, est hantée par un désir de disparition, de dissolution causé par des forces archétypales qui l’aliènent. Dans la seconde partie, marquée par la couleur rouge, elle entreprend un voyage initiatique dans un territoire inspiré par le Brésil, à travers lequel elle explore l’univers sensoriel tropical et se découvre un corps féminin habitable.
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    Psychose et création dans Pour en finir avec le jugement de Dieu d’Antonin Artaud
    Bienvenu, Sandrine; Oberhuber, Andrea (2024-08)
    Pour en finir avec le jugement de dieu est une émission radiophonique d’Antonin Artaud, enregistrée en 1947 puis publiée sous forme de texte en 1948, dans laquelle on retrouve un sujet, le « je » du texte, qui présente plusieurs caractéristiques associées aux troubles psychotiques. On peut le constater non seulement par l’opacité du langage dans les fragments glossolaliques, mais aussi par le fractionnement identitaire de la voix narrative et par la thématique du démembrement du corps qui traverse toute l’œuvre. Par ailleurs, le traitement du son – soit les effets de voix et l’utilisation de la musique – participe aussi à l’impression de perte de contact avec le réel qui se dégage de l’œuvre. Or, cette voix narrative oscille entre des moments de psychose et des moments d’extrême lucidité, ce qui mène à croire que le texte ne cherche pas à représenter de véritables épisodes psychotiques, mais que ceux-ci serviraient plutôt à mettre en évidence une certaine conception de la création artistique dans laquelle la psychose, ou du moins un état de transe qui se rapproche de la psychose, joue un rôle essentiel. En effet, le « je », précisément parce qu’il peut accéder à cet état de transe, est présenté comme le seul qui parvient à se libérer non seulement de tous les interdits et de toutes les valeurs imposées par les sociétés occidentales, mais aussi de sa conscience et, plus concrètement, du logocentrisme. Sorte de clairvoyant et de prophète, le « je » est donc celui qui pourrait réellement « en finir avec le jugement de dieu » et peut-être réussir à mettre en œuvre le projet de théâtre de la cruauté élaboré dans le recueil d’essais Le théâtre et son double. Dans un acte de résistance aux grandes institutions des sociétés occidentales – à savoir le capitalisme, la religion, la psychiatrie et la science –, Artaud opère une revalorisation de certains comportements traditionnellement attribués à la psychose, faisant de celle-ci une posture de création plutôt qu’un diagnostic médical.
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    Vers un renouvellement des formes d'attention : regard et écoute dans les dispositifs scéniques de Philippe Quesne
    Mary, Zoé; Bovet, Jeanne; Gros de Gasquet, Julia (2025-04)
    À travers la pratique du metteur en scène français Philippe Quesne, cette recherche explore la façon dont certaines dramaturgies contemporaines travaillent et reconfigurent la question de l’attention, à l’heure même de sa potentielle mise en crise. Dans des pièces comme La Mélancolie des dragons, Swamp Club ou La Nuit des taupes, la mise en scène soustrait d’abord quelque chose aux attributs traditionnels de la représentation théâtrale (la dextérité vocale, l’aisance corporelle, l’individualisation des interprètes, et parfois l’usage du langage articulé), redistribuant l’écoute et le regard du public entre les différents éléments du dispositif scénique. Le conflit dramatique fait place à une mise en scène de l’entente (aux sens propre et figuré) qui privilégie la cohabitation à la confrontation : les interactions entre les communautés humaines, non-humaines et l’écosystème qu’elles habitent constituent le moteur et le sujet des spectacles. Ces petits mondes évoluent par ailleurs dans des topoï donnés (grottes, parcs et vivariums), dispositifs dans le dispositif qui orientent et interrogent notre attention sur ses propres mécanismes. Espaces d’hypervisibilité et d’hyperauditivité pour les uns, lieux de mirages sonores et d’apparitions pour les autres, tous offrent la possibilité de jouer de frictions et disjonctions entre le son et l’image, le vu et l’entendu, encourageant le public à exercer son écoute et son aptitude au montage. Dans les créations du Vivarium Studio, l’attention oscille entre des dynamiques de grossissement et de prise de recul. Le public aux aguets adopte une posture à la fois ouverte et investigatrice qu’incarne le modèle du spectateur entomologiste. Parfois prise au piège par la profusion de détails, de micro-évènements visuels et sonores, l’attention montre une tendance à la défocalisation et à l’acentrement qui correspond aussi bien aux dynamiques de la composition paysagère qu’à celles des peintures de la renaissance flamande dont Philippe Quesne fait l’une de ses sources d’inspiration. Cette recherche invite donc à considérer la manière dont certains·es artistes contemporains·es utilisent la dispersion de l’attention comme moyen de performer la complexité d’un monde fragmenté, produisant ce que Jonathan Crary désigne sous le terme de « contre-formes » d’attention. La mise en regard de ces pratiques et de certains concepts et modèles attentionnels historiques comme la dispersion (opposée par William James à la concentration), l’attention flottante freudienne, la réception en état de distraction chez Walter Benjamin, ou plus récemment encore, l’inattention sélective définie par Richard Schechner, nous aide à appréhender l’originalité de ces démarches dans leur capacité à réinventer les modes d’attention du public.
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    L'écriture du quotidien comme soin dans Les heures longues de Colette et Auprès des blessés de Renée d'Ulmès
    Gentet-Reiher, Claudia; Oberhuber, Andrea (2024-08)
    Ce mémoire porte sur deux textes écrits durant la Première Guerre mondiale : Les heures longues de Colette, des articles journalistiques parus entre 1914 et 1917 et Auprès des blessés de Renée d’Ulmès, le journal intime fictif d’une infirmière de guerre. Toutes deux infirmières bénévoles durant le conflit, les autrices proposent des récits expérimentés et subjectifs. Elles observent le travail de soin effectué par les infirmières, leur sollicitude face aux blessés et témoignent de la solidarité entre les femmes. Le « prendre soin » d’autrui (Brugère, 2021) est placé au cœur des deux œuvres littéraires à l’étude. À l’aide des éthiques du care, l’objet de ce travail de recherche est de montrer comment l’écriture agit comme « soin » en faveur d’une nouvelle image des femmes à l’arrière, en montrant leur dévouement et leur courage, et s’apparente à une sollicitude à l’égard du lectorat en permettant de ramener l’attention vers des éléments concrets, parfois banals de la guerre. En identifiant des éléments d’une poétique du care, dans la foulée de travaux de Snauwaert, Hétu et Gefen, on verra comment les autrices parviennent à détourner l’attention des horreurs pour la faire dévier vers des aspects pratico-pratiques, le renouveau du lien humain en temps de guerre et la solidarité entre soignant.e.s., d’une part, et entre pourvoyeur.se.s de care et patient.e.s.
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    L'éléphant de St-Exupéry suivi de Transgresser et interrompre : les jeux dans Vingt-cinq poèmes (1918) de Tristan Tzara et Hans Arp
    Forget, Benjamin; Oberhuber, Andrea; Mavrikakis, Catherine (2024-08)
    Ce mémoire en recherche-création questionne la porosité entre les notions de jeu et de littérature. Intitulée L'Éléphant de St-Exupéry, la partie « création » du mémoire propose une série de poèmes-graphiques qui cherche à exhiber le double-aspect ludique de l’objet littéraire : celui de créer et celui de lire. Les poèmes sont le fruit d’une écriture sous contrainte à la frontière du texte et de l'image, c’est-à-dire d’un processus de recyclage textuel où, partant d’un poème existant dans l’œuvre, chaque lettre est manipulée individuellement pour créer des compositions à la fois visuelles et textuelles, de manière à défier les conventions de lecture traditionnelles. Plus généralement, l'œuvre expose l’artificialité de l’opposition « sérieux/jeu », tout en mettant en avant une réflexion sur la matérialité des lettres, la perception du sens, et la liberté créative. La partie « essai » explore, à la lumière de la notion de « jeu », le recueil illustré Vingt-cinq poèmes (1918) de Tristan Tzara et Hans Arp, une œuvre emblématique du mouvement dadaïste à Zurich. Débutant par une réflexion sur la nature ludique de la littérature, l’essai est structuré en trois parties : la première examine la spontanéité associée au dadaïsme, en particulier son lien avec l'enfance et le concept de paidia (jeu spontané), en se référant aux théories de Donald W. Winnicott et Roger Caillois. La deuxième partie analyse le jeu dans l’œuvre par le biais des transgressions des normes littéraires et éditoriales opérées par Tzara et Arp, ceux-ci faisant leur jouet de toutes les règles et conventions. Enfin, la troisième partie explore les multiples interruptions qui se rencontrent à travers diverses techniques textuelles et graphiques qui perturbent la lecture, tout en permettant une distance d’où s’apprécie le geste de lecture. Le jeu, bien qu'il ne soit pas le sujet principal des poèmes, constitue une dimension essentielle pour comprendre la matérialité de l’objet hybride qu’est Vingt-cinq poèmes.
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    Construction de la masculinité et grammaticalisation du genre dans le Roman de Silence
    Savard-Arseneault, Adrien; Gingras, Francis (2024-05)
    Ce mémoire traite du Roman de Silence, un roman en vers octosyllabliques de la deuxième moitié du XIIe siècle. En raison d’un décret royal empêchant aux femmes d’hériter, le personnage titulaire sera élevé en homme par ses parents, en dépit de son sexe féminin. Tout au long du texte, le narrateur et les autres personnages utiliseront le genre grammatical masculin pour Silence. Malgré le discours abondant que le roman a généré depuis son édition en 1972, la littérature critique ne s’entend pas sur les pronoms à utiliser pour désigner le personnage de Silence. Une majorité des critiques opte pour des pronoms et des accords féminins, un choix qui évacue des questions, centrales au texte, d’attribution sociale et culturelle du genre. L’usage de pronoms masculins par la critique s’ancre à l’occasion dans une conception du personnage de Silence comme un homme transgenre, laquelle demeure peu en phase avec la conception du genre dans l’Europe du Moyen Âge central. Ce mémoire a pour objectif premier d’examiner le système de référence déployé dans le Roman de Silence. En relevant chacun des désignateurs utilisés pour Silence dans le roman, je m’intéresserai à la tension entre les données biologiques sexuées inscrites sur le corps de Silence (sa « nature ») et le projet d’éducation genrée de ses parents (sa « norreture »). J’examinerai la manière dont cette tension s’exprime dans la langue du texte, de la conception du personnage jusqu’à la « descoverture » finale de son sexe. Je tâcherai ensuite de replacer les désignateurs dans leur contexte sociohistorique et narratif. Finalement, en envisageant le Roman de Silence comme un roman didactique, je considérerai les débats qui jalonnent le récit comme autant d’outils proposés par le texte pour répondre à ses propres questions. Au terme de cette recherche, j’espère proposer un système de référence cohérent pour le personnage, à la fois dans la critique et dans les traductions.
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    Roman vivant. La performance dans les romans biographiques de Jean Echenoz, suivi de Jeux d’hiver
    Vaillancourt, Jean-François; Legendre, Claire (2024-08)
    La partie recherche de ma thèse s’intéresse à la dimension performative de la lecture romanesque à partir des romans biographiques de Jean Echenoz. J’interroge d’abord des auteurs qui ont pensé la performance en littérature à partir de l’exemple de relations humaines avec les animaux, notamment Michel Leiris et la philosophe Elisabeth de Fontenay. Cette relation à l’autre permet de comprendre la performance comme un état physiologique du corps lorsqu’il devient le médium de l’expression d’un autre que soi, rendu possible en littérature grâce à la matérialité de la voix intérieure, en tant que lieu d’échange par lequel le monde extérieur peut s’introduire en soi et s’exprimer du fond de soi. Les romans biographiques de Jean Echenoz tirent beaucoup de force de cette dimension performative. Évoquant la voix de son défunt éditeur, interprétant la musique de Ravel, s’appropriant la course de Zatopek et calquant l’imagination de Tesla, ce sont bien des formes concrètes de l’expression de ces personnes réelles qu’Echenoz donne à se manifester, à travers ses personnages, dans la performance de la lecture. La partie création est une tentative de jouer avec la dimension performative d’une autre forme d’art que la littérature – la musique –, à partir de ma pratique d’auditeur amateur. L’histoire se déroule sur quatre jours, en Norvège, durant les Jeux olympiques d’hiver de Lillehammer en février 1994. L’intrigue s’inspire librement des faits divers que constituent le vol du Cri d’Edvard Munch à la Galerie nationale d’Oslo et le lancement d’un album culte du groupe de black métal Darkthrone. Cette fiction mélange les codes du roman noir et de l’exofiction dans une démarche d’écriture fascinée par la distance, l’inquiétante étrangeté, la difficulté de s’exprimer et l’archive populaire. Concaténation d’objets préfossilisés de l’histoire récente (culture underground, mégalomanie olympique, début de l’ère pétrolière norvégienne, mondialisation), il s’agit moins d’une mise à distance critique de l’histoire que d’une tentative de récupération : fouiller les ruines, les vidanges et le prêt-à-jeter pour réutiliser, lâcher prise, jouer et faire sonner tout en même temps.
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    L’écriture du voyage dans les longs romans de l’abbé Prévost
    Stout, Erik; Dionne, Ugo; Despoix, Philippe (2024-08)
    Les études consacrées aux romans de l’abbé Prévost s'accordent généralement sur le fait que les divers lieux parcourus par ses personnages forment le décor conventionnel de récits consacrés prioritairement à l'exploration du cœur humain. Les nombreux voyages effectués ne seraient donc qu’un élément secondaire par rapport à l'exploration morale qui structure ses écrits. Un tel consensus paraît d'autant moins contestable que Prévost décrit souvent des contrées où il n'est jamais allé et sur lesquelles il ne s'est pas toujours longuement documenté. Sans nier la dimension conventionnelle des cadres géographiques exploités par Prévost, cette étude vise à démontrer que le thème du voyage est un élément crucial pour comprendre sa poétique ainsi que la visée morale de ses romans. Plus précisément, nous postulons que la narration de ses romans est prise en charge par un « voyageur récalcitrant », personnage qui se déplace constamment, de manière généralement volontaire, tout en incarnant une critique de la conception classique du voyage pédagogique. Il existe en effet chez les personnages de Prévost une oscillation entre un discours qui prétend ne vouloir que calme et repos et des actions qui traduisent une recherche perpétuelle du mouvement et de la nouveauté. Cette tension finit généralement par mener à un déraillement du voyage. À ce titre, la figure du voyageur récalcitrant va à l’encontre de l’idée de progrès traditionnellement associée à la notion de voyage sous l'Ancien Régime.
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    Philoxène suivi de Philoxène Boyer. Une conquête de l'inutile
    Fillion, Arnaud; Legendre, Claire; Vachon, Stéphane (2025-03)
    Ce mémoire cherche à poser une réflexion sur l’appropriation de faits réels dans un cadre fictionnel. Pour ce faire, je me suis penché sur le cas d’un écrivain particulier, du nom de Philoxène Boyer, dont ni l’œuvre ni la vie ne sont passées à la postérité. J’ai écrit une biographie fictionnelle de Philoxène Boyer d’après l’unique biographie dédiée à cet homme, intitulée Philoxène Boyer. Un sale ami de Baudelaire. À partir de l’analyse de ce livre, publié en 1987, j’explore l’acte d’écrire la vie d’un homme de lettres qui n’a – en apparence – pas grand-chose d’autre à montrer que sa singularité et le fait qu’il ait connu des personnalités marquantes du monde des lettres parisien du XIXe siècle. Son auteur, Sylvain-Christian David, raconte la vie de ce personnage d’une manière inédite. Je me suis penché dans mon essai sur l’étude des procédés utilisés (tels le rapport aux sources, l’ambivalence du contrat de lecture, ainsi que le ton ironique de certains passages) dans cette biographie afin de comprendre comment un sujet aussi particulier que Boyer peut influencer l’écriture d’un ouvrage aux codes aussi rigides que ceux du genre biographique. Quelles sont les conditions qui autorisent le récit biographique à revendiquer, malgré ces décalages, sa scientificité ? Ma création est le reflet de ces réflexions. Je pousse dans celle-ci le récit de Philoxène Boyer du côté de la fiction, tout en lui conservant des caractéristiques qui sont celles du genre biographique dans sa tradition référentielle.
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    La Volonté du roi Krogold et La Légende du roi René de L.-F. Céline : une réécriture de la légende
    Gendron-Turcotte, Philippe; Wesley, Bernabé (2025-03)
    Ce mémoire propose d’analyser les particularités formelles de La Volonté du roi Krogold et de La Légende du roi René, les deux manuscrits inachevés d’une légende écrite par Louis-Ferdinand Céline dans les années 1930, ainsi que les modalités narratives de leurs évocations diverses dans la prose du romancier. En plus des manuscrits inédits de cette légende célinienne, le corpus de ce travail se compose des romans qui citent ce projet littéraire perdu, soit Féerie pour une autre fois et D’un château l’autre, et de tous les autres qui l’évoquent par fragments, à savoir Mort à crédit, Guerre et Londres. La première partie de cette étude, qui correspond aux deux premiers chapitres, cherche à comprendre à partir d’intertextes variés le caractère polymorphe et composite de la légende célinienne. Le travail inventorie les formes littéraires désuètes que les manuscrits reconfigurent, comme la chanson de geste, le cycle arthurien, la poésie lyrique et le roman courtois. À l’aide de la notion d’horizon d’attente de Jauss, nous cherchons à comprendre comment Céline reconstruit un imaginaire médiéval au sein des textes et à déterminer leur véritable identité générique. En mobilisant des outils d’analyse issus de travaux narratologiques, la partie subséquente du mémoire examine les modalités narratives (autoréférentielles, métadiégétiques et métaleptiques) qui gouvernent les apparitions singulières de la légende du roi Krogold dans les autres romans de Céline. La dernière partie de cette étude approfondit enfin l’hypothèse qui postule que la légende célinienne, plutôt que de correspondre à la reprise d’un Moyen Âge idéalisé, reproduit dans un contrechamp légendaire et imaginaire des motifs textuels liés à l’engagement de l’auteur lors de la Première Guerre mondiale. À partir d’une perspective sociocritique, et plus particulièrement du concept de sociogramme (Duchet), ce chapitre décrit comment les textes actualisent des représentations et des motifs communs dans les écrits guerriers, tout en interrogeant le rapport étroit qu’ils entretiennent avec la mémoire collective. Il s’agit, en somme, d’évaluer la portée critique des discours sur la Grande Guerre que les manuscrits inédits reconduisent.
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    De soi et des autres : entrelacs de l’intime et du collectif dans les écritures de soi contemporaines
    Lefebvre-Côté, Béatrice; Oberhuber, Andrea; Gefen, Alexandre (2024-08)
    Qu’ont en commun la mémoire collective, les premières personnes du singulier et du pluriel, et les récits de fin de vie et de deuil ? Ces trois items au caractère disparate constituent des sources privilégiées d’entrelacement de l’intimité à la collectivité, car ils servent autant à faire dialoguer des rapports intime et collectif au passé, qu’à exprimer la présence du collectif en soi et à retrouver des relations menacées de disparition. Les enjeux de mémoire, de voix narratives et de filiations endeuillées représentent le cœur de cette thèse consacrée aux tensions de l’intime et du collectif au sein d’écritures de soi françaises, de 1964 avec Une mort très douce de Simone de Beauvoir à 2022 avec V13 d’Emmanuel Carrère. À ces deux récits de nature autobiographique s’ajoutent les œuvres de François Bon, d’Annie Ernaux, de Lydia Flem, de Georges Perec et de Mathieu Riboulet. Grâce à des approches poétiques, énonciatives et thématiques, cette thèse postule une recherche de communauté au sein des écritures de soi, qui abolit la contradiction apparente entre une écriture en solitaire et un appel à une communauté élargie. Au terme de l’enquête, les écritures de soi contemporaines se montrent non seulement en recherche d’une communauté, mais se révèlent capables d’en créer par le récit, en (re)traçant des liens qui n’auraient pas ou plus existé sans leur secours. Des écritures de soi génératrices de relations, telle est l’une des réponses que la littérature contemporaine peut offrir en réponse aux mémoires troublées du XXe siècle et aux événements traumatiques du début du XXIe siècle.